Le droit à léducation, cest le droit de recevoir mais surtout dacquérir de linstruction. Pas de réussir à chaque coup, ni dapprendre en pressant sur un bouton, mais dêtre guidé par le maître aussi loin et longtemps quil le faut. Nous ne sommes pas daccord avec ceux qui veulent refaire l'école en lui demandant de garantir le « droit au redoublement » mais aucun « droit quelconque à la réussite ». C'est une fausse opposition. Ce que lhôpital garantit, ce nest ni la guérison, ni la répétition pure et simple des traitements sans effet : cest le serment des médecins de « tout faire » et de faire « au mieux » pour « rétablir, préserver et promouvoir la santé ». Pourquoi ce raisonnement ne vaudrait-il pas pour lenseignement ?
Enseigner, cest donner des leçons, mais sassurer aussi de leffet quelles font. Linstruction a beau être obligatoire : les apprentissages ne se décrètent pas, et lélève qui na pas suivi, pas compris, pas saisi lexplication nest pas éduqué réellement. On peut commencer par lui répéter lénoncé. Si cela ne suffit pas, ajuster ou changer la méthode : poser des questions, donner des exemples, comparer des solutions, les mettre en discussion. Limportant, cest que lélève apprenne, que lon atteigne les fins en diversifiant tant quil faut les moyens.
Le savoir ne se transmet pas comme un ordre de paiement ou un rhume de cerveau : il exige une activité de celui qui lentend, une interaction entre ce quil croit comprendre et ce que le maître a le projet de lui apprendre. LUNESCO ne se contente pas du droit, pour l'enfant, de recevoir un enseignement : à quoi sert-il si l'auditeur nen retient pas un mot ? Les programmes et les méthodes doivent être « pertinents », « appropriés », « adaptés aux besoins » des personnes et des groupes. Ils ne doivent ni sacharner sur eux, ni les abandonner au prétexte quils font preuve de mauvaise volonté. Les savoir est précieux et en cas de difficulté, cest « lintérêt supérieur de lapprenant qui doit lemporter ».
Le Manifeste affirme que tous les enfants sont capables de profiter de lenseignement. Il ne dit pas que tout le monde est surdoué, que chacun peut ou doit aller à lUniversité. Il dit que la culture de base ne souffre pas dexception, que lécole a son propre serment et quelle doit « tout faire » et le faire « au mieux » pour promouvoir linstruction. Elle doit tenir compte des ressources et des besoins des élèves, pratiquer une pédagogie rigoureuse, différenciée, active, qui ne laisse pas de côté telle ou telle minorité au prétexte que ses résultats sont mauvais mais quil n« incombe » pas au maître de lassumer.
Cest plus exigeant. Pour les élèves qui ne doivent pas se résigner. Pour lécole qui doit moins sanctionner les erreurs quimaginer dautres moyens de les corriger. Et pour le reste de la population, appelée à soutenir les enseignants dau moins deux façons : dabord en reconnaissant la complexité de leur travail et en se fiant à leur expertise, leur déontologie, leur usage critique de la recherche en éducation ; ensuite en assumant avec eux ce renversement : chercher comment progresser avec chaque enfant, et non pas lequel mal noter, retarder ou priver de la partie la plus noble des savoirs scolarisés. Former sans exclure est un projet de société : il engage forcément toute la collectivité.
Former sans exclure, janvier 2006
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Moi jenseigne, mais eux, apprennent-ils ?, par Michel Saint-Onge (Pédagogie collégiale, vol.3, n°4, avril 1990) La qualité de lenseignement Le niveau des élèves La durée Lengagement | pdf
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