Parents et partenaires de l'école

A la Tribune de Genève, 12 septembre 2006
Anne Thorel Ruegsegger, Genève

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J'ai adoré aller à l'école. C'était dans les années septante. Je m'y sentais bien, à l'aise, en sécurité.

Il y avait des notes, des moyennes et des degrés annuels.

Mais c'était il y a trente ans ! L'école correspondait à la société d'alors.

Le nombre d'enfants non francophones dans une classe n'était pas le même et les différences sociales et culturelles n'étaient pas les mêmes non plus.

Aujourd'hui, mes enfants vont à l'école, la société a profondément changé, le monde de l'information, de l'informatique, la mondialisation…

Beaucoup de choses ont changé, en bien, en mal, mais ce n'est pas une raison pour être nostalgique au point de vouloir garder un système scolaire obsolète.

L'école doit s'adapter, évoluer, apprendre de ses erreurs ! Tout n'est pas parfait aujourd'hui mais une majorité d'enseignants ont évolué dans leur façon d'enseigner et de collaborer avec les parents, dans leur manière d'évaluer les enfants et de leur transmettre cette évaluation.

Je fais partie du Groupement cantonal des Associations de Parents du Primaire et de l'enfantine (GAPP), je vois dans les préoccupations des parents que je rencontre, le même souci de compréhension de l'école, de la scolarité de leurs enfants et de l'évaluation face à tous ces changements. Ce n'est qu'en travaillant en collaboration avec les enseignants et le DIP que nous pourrons nous adapter à l'évolution de l'école.

L'école que nous proposent les partis de droites et l'ARLE ne tient pas compte des parents, ils n'ont tenu aucun compte du travail fourni par ces derniers pendant de longues années pour accompagner et améliorer la Rénovation. Comment croire que leurs projets nous donneraient une place ?

Ce qui s'est passé dans notre canton est grave. Aujourd'hui nous sommes devant un choix, qui pour certain est très compliqué. En effet comment savoir si l'on fait le bon ? A qui se fier ?

Devons nous faire confiance à des femmes et hommes politiques, à des chanteurs, des cuisiniers ou des footballeur concernant l'avenir de nos enfants ?

J'ai choisi de me fier aux professionnels, ceux dont le métier est de savoir ce qui est bien pédagogiquement. Malgré les critiques dont ils sont l'objet. Les médecins sont aussi beaucoup critiqués mais on n'a encore pas trouvé mieux pour se faire soigner !

Car comment faire confiance à des hommes et femmes politiques qui ont soutenu une politique scolaire innovante pendant que le conseiller d'état était de leur bord et qui tournent leur veste dès que le conseiller d'état change de couleur politique ? Est-ce à eux que nous devrions confier l'avenir de nos enfants ? Leur projet appelé contre-projet n'a pas reçu l'aval des professionnels ! Il a été écrit par des politiques !

Quant à l'initiative de l'ARLE qui dit vouloir lutter contre l'échec scolaire, relisez-la et dites moi quelles sont les mesures prévues à cet effet… Aucune si ce n'est mettre des notes pour obtenir des moyennes et faire redoubler les plus faibles. En quoi cela peut-il bien aider les enfants en difficulté à s'en sortir ? D'ailleurs si leur initiative était si géniale, pourquoi baseraient-ils la campagne sur les notes alors que le débat est tout autre ?

En tant que parent d'élèves et en tant que citoyenne, j'ai vraiment l'impression d'être trompée. L'école était pour moi un bastion intouchable, respecté et neutre. En raison du fait que c'est nos enfants qui nous lui confions, que par leur innocence et notre espoir en leur devenir, nous étions capable en tant qu'adultes d'être respectueux et un tant soi peu responsable. Mais tant les partisans de l'initiative que ceux du contre-projet, ont montré à quel point ils sont sans scrupules alors même qu'il s'agit de l'avenir de ceux qui nous sont le plus cher.

Je crois en l'école publique, je suis persuadée qu'elle rempli sa mission de démocratisation des études, je veux pouvoir continuer à lui confier mes enfants et leur avenir avec confiance. Je veux aussi, en tant que parent, continuer à être prise en considération par les professionnels c'est pourquoi je voterai et vous invite à voter, 2X non le 24 septembre.