Non à une école prescriptive et exclusive

Le Temps, 29 août 2006
Françoise Joliat, Genève

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Les enfants sont inégaux par leur environnement social et leur culture. Certains, déjà familiers de la culture scolaire, confiants en eux, savent être curieux et oser l'inconnu (apprendre). D'autres découvrent à l'école un monde de non-sens; perdus face à des sujets et des modes de penser opaques, ils se cramponnent à ce qu'ils connaissent sans oser apprendre. La loi donne à l'école la mission de développer l'intelligence et d'amener tous les enfants à maîtriser savoirs et valeurs permettant une pensée et une vie autonomes. Elle doit être convaincue que l'intelligence est éducable et que le développement des capacités à apprendre et penser est largement lié à la qualité de l'entourage et des relations que l'élève y noue. Pour parvenir à ses objectifs, elle doit nécessairement différencier les moyens de s'adresser à chacun, l'évaluer et le renseigner sur ce qu'il sait déjà et pas encore, repérer ses compétences pour les stimuler.

L'initiative de l'ARLE et le contre-projet de la droite veulent imposer une école prescriptive, dispensant un enseignement identique pour tous. Faisant fi des travaux de Jean Piaget qui a démontré que si l'adulte propose la connaissance, c'est l'enfant qui la construit activement, ces auteurs pensent qu'il suffit d'expliquer et de faire répéter plus ou moins selon l'intelligence de l'élève pour que tout entre dans sa tête. Les notes viennent sanctionner les manques par rapport au modèle prescrit, jamais les ressources personnelles qui permettraient d'avancer. Ils veulent une école pour ceux qui sont déjà conformes, excluant du même coup ceux qui ne le sont pas. [...]