Des instituteurs eurocompatibles

L'Hebdo, 29 juin 2006
Marcel Crahay, Genève

---

Bravo pour votre éditorial qui propose une vision prospective et constructive de la formation des enseignants! Vous trouverez ci-dessous quelques remarques qui complètent, me semble-t-il, votre analyse.

Ce qui surprend le plus dans les débats autour de la formation des enseignants, c’est l’absence quasi totale de référence européenne. Assurément, le constat est étonnant puisque les accords de Bologne auxquels on fait fréquemment référence dans ces mêmes débats ont pour vocation première de promouvoir les compatibilités de formation au sein de l’Europe et, si la Suisse s’inscrit dans ce processus, c’est qu’elle adhère à cet objectif. Il semble donc pertinent de donner rapidement quelques références européennes afin d’enrichir l’information.

Que se passe-t-il donc, dans l’Union, en matière de formation des enseignants? En se référant aux données recueillies par l’Unité européenne EURYDICE en 2002-2003, c’est-à-dire avant la réalisation du processus de Bologne, il est possible de discerner des tendances significatives. La plus marquante est la suivante: la grande majorité des pays de l’UE a fait l’option d’une formation universitaire des enseignants en quatre ou cinq ans.

Pour les professeurs du secondaire, ceci n’est pas une surprise, mais il convient de souligner que le constat est également vrai en ce qui concerne les enseignants du primaire. Il est donc plus facile d’énumérer les exceptions, qui sont au nombre de trois: la Belgique, l’Autriche et la Roumanie. La situation est également quelque peu particulière en Lituanie et au Portugal, où des formations de niveau universitaire et non universitaire sont organisées en parallèle. Ailleurs, la formation des enseignants primaires est de niveau universitaire (…). Dans la plupart de ces pays, la durée de formation est de quatre ans, mais certains ont opté pour une formation plus longue, de cinq ans (Finlande, France, Pologne et Royaume-Uni) ou même de cinq ans et demi (Allemagne).

En définitive, l’ambition qu’il conviendrait d’avoir en matière de formation des enseignants nous permettrait de rallier la tendance européenne majoritaire.