Le stress des élèves

Tribune de Genève, 12 juin 2006
Catherine Fleury, Genève

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Voilà vingt ans que j'enseigne en division élémentaire (1P/2P) et je fais régulièrement le même constat. Les très bons élèves adorent les épreuves et les notes, ils n'en ont jamais assez et m'en réclament à cor et à cris. Leur estime d'eux-mêmes grandit dans les mêmes proportions que leurs bons résultats. Pour les autres, dont la proportion peut atteindre la moitié de la classe, les épreuves et autres tests ne sont qu'une source de stress, d'angoisse et de maux de ventre matinaux. Chaque évaluation renforce leur sentiment de médiocrité, mine leur joie de vivre et les démotive pour les apprentissages suivants. Car, pourquoi investiraient-ils en sachant par avance que le résultat ne sera pas à la hauteur de leur espérance?

Quel adulte supporterait un tel sentiment d'humiliation, cela pendant une dizaine d'années, sans démissionner ou porter plainte pour mobbing? C'est pourtant ce que vivent bon nombre d'enfants. Certes, il faut poser des exigences pour obtenir des résultats, mais gardons-nous des extrêmes. Les dispositions prises par Charles Beer comme le retour des notes en fin d'année pour les 3 à 6P ainsi que le carnet trimestriel, sont de ce point de vue dans le juste milieu. Ni trop, ni trop peu. Voilà pourquoi je voterai deux fois non le 24 septembre prochain.