Une formation exigeante pour les enseignants

Le Temps, 24 mai 2006
Yann-Eric Dizerens, Genève

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Comme la presse s'en est fait l'écho, le Conseil de l'Université a estimé le 12 avril dernier que la formation initiale des enseignants primaires n'avait pas à aller jusqu'à la maîtrise, titre correspondant pourtant à la fin «normale» des études universitaires. Il a estimé que trois années d'études suffisaient alors qu'il fallait jusqu'à présent quatre ans pour acquérir cette formation de base.

Exiger simultanément que le niveau des élèves monte et prôner la réduction des études de ceux qui vont devoir s'en charger est particulièrement absurde. Comment peut-on mépriser les enseignants primaires en leur attribuant la responsabilité des résultats médiocres aux tests PISA et se contenter du minimum en matière de formation initiale? Alors que toutes les universités d'Europe se mettent au diapason de Bologne, il est aberrant de revenir à une formation en trois ans (comme c'était le cas il y a dix ans) alors que dans la plupart des pays d'Europe la formation des enseignants dure quatre à cinq ans? On doit d'ailleurs se demander si le Conseil de l'Université est la bonne - ou la seule - instance à pouvoir prendre une décision d'une pareille portée pour l'avenir de la cité.

Les futurs enseignants primaires doivent bénéficier d'une formation exigeante et de qualité, basée sur le principe d'alternance théorie (université) - pratique (terrain), qui prenne en compte le caractère toujours plus complexe du métier. Le temps où il suffisait d'appliquer des programmes de leçons préfabriquées est révolu depuis bien longtemps et une formation universitaire de type maîtrise est la seule voie qui permette de faire face aux réalités et besoins d'aujourd'hui.