Une loi désastreuse

La Tribune de Genève, 17 février 2006
Jean-Marc Jaeggi, Genève

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Le contre-projet à l'initiative de l'ARLE élaboré par la majorité de la commission du Grand Conseil constitue un déni de l'esprit démocratique. Un contre-projet est supposé être un compromis entre le statu quo et la position exprimée par une initiative. Or il n'en est rien ici, puisqu'il va beaucoup plus loin et dans le même sens que l'initiative qu'il fait mine de contester.

Il y a là indéniablement une subversion de l'intention du législateur qui a institué la pratique du contre-projet. Avec ce précédent, il suffira maintenant pour faire passer une loi en évitant tout choix véritable, de lancer une initiative bidon et de lui opposer un contreprojet qui l'extrémise encore davantage. Ce procédé constitue une façon d'éviter tout compromis et toute discussion publique puisqu'il n'y a plus qu'un objet à voter présenté sous deux emballages différents.

Voilà comment, à Genève, on est sur le point de régler le sort de l'école primaire. Peu importe si des générations d'élèves doivent subir les conséquences de manœuvres d'un groupe d'idéologues qui cherchent en fin de compte à rétablir une école élitiste en proposant des mesures rendant impossible une lutte efficace contre l'échec scolaire, seule garante d'une poursuite de la démocratisation des études. (...)