Qu'est-ce qu'apprendre ?

Tribune de Genève, 8 février 2006
Pierre-Alain Wassmer, Genève

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Que les pédagogues ne soient pas tous des génies, c'est certain (pourquoi en serait-il autrement que partout ailleurs ?), mais ne reprochons pas à ceux qui réfléchissent de réfléchir, ne leur reprochons pas l'utilisation de termes techniques - même si c'est parfois difficile à comprendre - parce qu'on ne reproche pas à un médecin ou à un mécanicien d'utiliser un jargon spécifique à son métier.

En particulier à l'Institut de formation des maîtres de l'enseignement secondaire (IFMES) si l'on ne parle pas de pédagogie, alors de quoi faudrait-il donc parler ? Par ailleurs, cet institut est en pleine mutation et l'articulation entre enseignements théoriques et stages pratiques est toujours une préoccupation centrale pour son évolution. Le fait de parler de constructivisme dans une école qui forme des maîtres me semble nécessaire, spécialement dans la ville où l'illustre Jean Piaget a enseigné.

Qu'est-ce que le constructivisme? C'est un ensemble de théories, dont celle de Piaget (l'épistémologie génétique), qui considèrent qu'apprendre ce n'est pas simplement se rappeler, mais c'est d'abord comprendre, et ensuite intégrer de manière cohérente ces nouvelles connaissances dans l'ensemble des savoirs déjà acquis. Cette démarche constructiviste concerne l'ensemble des sciences humaines et non seulement la pédagogie: ce n'est pas une idéologie, c'est une épistémologie (une théorie scientifique de la connaissance).

Le nom de constructivisme vient du fait que l'enfant «construit» ses connaissances de manière active. Cela suppose que l'élève doit être mobilisé, motivé pour apprendre. Aristophane ne disait pas autre chose quand il affirmait: «enseigner, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu». Voilà une manière magnifique de parler de l'éducation, parce que l'enseignement, c'est des méthodes rationnelles, mais c'est aussi une passion !